lundi, novembre 02, 2009

Horloge

In Mémoriam

LXXXV - L'Horloge


Horloge! dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit: "Souviens-toi!
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;


Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.

Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote: Souviens-toi! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!
Remember! Souviens-toi! prodigue! Esto memor!
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!

Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup! c'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi!
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.

Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh! la dernière auberge!),
Où tout te dira Meurs, vieux lâche! il est trop tard!"

Charles Baudelaire

mardi, octobre 27, 2009

Sous le regard de Picasso

Souvenir d'Antibes , pour Marianne Attanasio
(Prêt à partir)

Voyelles



Quelques couleurs pour
Annie Garrido
celles
des
Voyelles de Rimbaud

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrement divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Arthur Rimbaud


jeudi, octobre 22, 2009

Poètes, vos papiers !

Papier bronze doré, papier gauffré


Au recto: chat( quelque peu fantômatique) ...Ce support à l'apparence de papier cadeau (cliquez pour agrandir) étant assez délicat à impressionner .

Au verso: Portrait de Rimbaud, sur papier à grain fort .
Aube


J'ai embrassé l'aube d'été. /

Rien ne bougeait encore au front des palais. L'eau était morte. Les camps d'ombre ne quittaient pas la route du bois. J'ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les pierreries regardèrent, et les ailes se levèrent sans bruit.
/

La première entreprise fut, dans le sentier déjà empli de frais et blêmes éclats, une fleur qui me dit son nom.
/

Je ris au wasserfall blond qui s'échevela à travers les sapins : à la cime argentée je reconnus la déesse. /
Alors je levai un à un les voiles. Dans l'allée, en agitant les bras. Par la plaine, où je l'ai dénoncée au coq. A la grand'ville elle fuyait parmi les clochers et les dômes, et courant comme un mendiant sur les quais de marbre, je la chassais. En haut de la route, près d'un bois de lauriers, je l'ai entourée avec ses voiles amassés, et j'ai senti un peu son immense corps.

L'aube et l'enfant tombèrent au bas du bois.
/

Au réveil il était midi.

Pour Servane


vendredi, octobre 16, 2009

Laissez parler les p'tits papiers


Papier de soie fragile et froissé pour 4 autoportraits d'automne.
Papier avec impressions végétales pour l'enveloppe.

Lu dans Journal d'un lecteur d'Alberto Manguel (Actes Sud)

Sei Shonagon:
"Parfois le monde m'irrite et m'ennuie; certes il me semble impossible de vivre un instant de plus. Je voudrais m'en aller et me perdre je ne sais où; mais si, alors, je mets la main sur du joli papier ordinaire, très blanc, sur un bon pinceau, sur de l'épais papier blanc de fantaisie, ou sur du papier de Michinoku, je me sens disposée à rester encore un peu sur cette terre, telle que je suis ."

(Envoi prévu pour le mois de novembre : circulaire 132 , à l'intention de R.F Côté)

mardi, octobre 13, 2009

Automne


Signe
Je suis soumis au Chef du Signe de l'Automne
Partant j'aime les fruits je déteste les fleurs
Je regrette chacun des baisers que je donne
Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs

Mon Automne éternelle ô ma saison mentale
Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol
Une épouse me suit c'est mon ombre fatale
Les colombes ce soir prennent leur dernier vol

Apollinaire, Alcools

mardi, septembre 29, 2009

Evolution

Pour l'humoriste Rolka, une petite histoire de l'évolution, en timbres de collection malgaches, qui le laissera peut-être "chocolat"

samedi, septembre 19, 2009

Le Notaire du Havre, Georges Duhamel

«Le but suprême du romancier est de nous rendre sensible l'âme humaine, de nous la faire connaître et aimer dans sa grandeur comme dans sa misère, dans ses victoires et dans ses défaites. Admiration et pitié, telle est la devise du roman.»
[ Georges Duhamel ] - Extrait de l' Essai sur le roman

Quelques citations
Mercure de France(1933) -Le livre de Poche (1961)

Transformer ce premier volume de la Chronique des Pasquier, de G. Duhamel, en album de timbres,(avec quelques illustrations personnelles)...

Quoi de plus naturel , sachant que l'attente d'une lettre notariale structure tout le récit, impose espoirs, doutes , désillusions et leçon de morale aux membres unis de cette famille représentative du XXème siècle naissant?

Cliquez pour agrandir,
lire



Pour Eric Coraboeuf: projet lectures artistiques
lecturesartistiques.blogspot.com/

Gestes

SÉRIE d'aquarelles  inspirées par l'exposition "Pour la beauté du geste" à la médiathèque "La Source" Photos de ...